Une étude menée par VersLeHaut, avec le Collectif Orientation pour le Medef,
portant sur les bénéfices des stages et visites des élèves en milieu professionnel.
Dans la continuité de l’annonce de stages obligatoires pour tous les élèves de seconde depuis le mois de juin 2024, nous avons souhaité avec le Medef comprendre l’intérêt réel de cette expérience et définir les leviers pour en dégager son plein potentiel éducatif. L’étude est destinée à comprendre et analyser les perceptions et les expériences des jeunes, des parents, des enseignants et des chefs d’entreprises concernant les visites et les stages en entreprise en filière générale comme au lycée pro, ainsi qu’à cerner les attentes et besoins de ces différentes parties prenantes.
Méthodologie
En conséquence, nous avons mené entre février et mai 2024 une double étude :
Le volet quantitatif de l’étude a été réalisé par l’institut de sondage Opinion Way
4 échantillons constitués selon la méthode des quotas :
- 602 entreprises
- 600 enseignants
- 636 jeunes âgés de 13 à 20 ans
- 889 parents d’élèves âgés de 13 à 20 ans
Le volet quantitatif a été piloté par VersLeHaut
10 focus groups :
- 3 groupes de jeunes âgés de 13 à 18 ans
- 3 groupes d’éducateurs
- 1 groupe de parents d’élèves de 13 à 20 ans
- 1 groupe d’experts de l’immersion professionnelle des élèves, issus de la société civile
- 2 groupes de représentants d’entreprises
Ainsi que des entretiens menés avec des chercheurs, institutionnels et chefs d’établissement.
Toutes les données récoltées au profit de l’enquête sont accessibles en Open Source (les QR Codes sont à retrouver à la fin de l’étude).
L’étude est à retrouver au complet ici !
En bref : les 6 enseignements de l’étude et quelques chiffres clés :
- Les immersions apportent aux jeunes des bénéfices précieux
- 89% des jeunes sont satisfaits de leur stage
- 33% des élèves considèrent que leur stage leur a “donné des envies pour [leur] future orientation”
Mais ces bénéfices (prises de maturité, apprentissage des codes de l’entreprise, développement du sentiment d’efficacité personnelle) n’ont souvent rien à voir avec la définition d’une vocation ! Si un stage déconcerte l’élève, c’est plutôt bon signe, et il aura toujours intérêt à multiplier les expériences qui lui permettent une meilleure connaissance du monde du travail.
Notre recommandation : Expliciter le potentiel de ces immersions auprès des jeunes.
2. Il est temps d’en finir avec le stage d’observation !
- 1 élève sur 5 se rend compte après coup qu’il ne savait ni comment se comporter, ni quoi observer
- Seuls 37 % des élèves ont participé à un projet concret lors de leur stage
- Confier des tâches pratiques augmente les bénéfices du stage de 14 points sur les savoir-faire
Attention, il ne faut pas confondre un jeune mis en activité et de la mise en oeuvre gratuite ! Mais l’observation est souvent confondue avec la passivité, alors que le jeune a tout à gagner à être sollicité, poser des questions, imiter, commenter… Il faut l’encourager à surmonter sa timidité et trouver la juste posture.
Notre recommandation : Accompagner davantage le jeune sur trois étapes distinctes : avant, pendant et après.
3. Les entreprises rencontrent de nombreuses difficultés dans l’accueil et le suivi pédagogique des jeunes
- 75 % des entreprises reconnaissent des avantages à accueillir des stagiaires
- 45% accueillent régulièrement des élèves et près d’un tiers (30%) ne souhaite pas s’engager dans cette démarche
- 37 % des entreprises estiment que les élèves sont mal préparés et 45 % peinent à libérer du temps pour les encadrer
Il existe une différence importante entre les grandes entreprises (plus de 50 salariés, accueillent en moyenne 12 élèves par an) et les petites (moins de 50 salariés, 3 élèves par an en moyenne). Ces dernières en particulier méritent d’avoir accès à des outils, des bonnes pratiques et des idées pour se prêter à l’exercice de l’accueil des jeunes.
Notre recommandation : Renforcer et diffuser des outils d’accompagnement pour permettre aux entreprises d’accueillir plus facilement des stagiaires.
4. Impliquer la famille est un préalable à la réussite de l’immersion
- Les élèves font presque invariablement le récit de leur stage à leurs parents (88%), de leur visite (82%) et même de leur période de formation en lycée professionnel (89%)
- 60% des élèves ont recours à leurs parents et parmi eux un tiers n’a pas été impliqué dans la recherche
Les parents sont des figures de référence par excellence. Elles doivent faire fructifier ce rôle privilégier, en étant elles-mêmes accompagnées et en se départissant d’une forme de pression à trouver le meilleur stage possible pour leur enfant. Un stage réussi est un stage à forte valeur éducative, et leur rôle doit être d’accompagner le jeune dans son parcours d’orientation en creusant par exemple ses interrogations, et en créant du lien avec le tuteur et l’enseignant référents.
Notre recommandation : Donner un rôle clair aux familles dans les différentes étapes de l’immersion (recherche, préparation, suivi, bilan).
5. Les outils d’accompagnement à la recherche de stage sont inégalement utilisés et répartis
- 82% des enseignants constatent que les élèves de milieux défavorisés ont plus de difficultés à trouver un stage
- 20% des élèves ont trouvé leur stage grâce aux plateformes, 12% seulement en voie professionnelle
- Environ 1 élève sur 10 a été accompagné par une association dans le cadre de l’organisation et la préparation de son stage
Les entreprises qui ont publié une annonce sur une plateforme type 1jeune1solution offrent ensuite un meilleur accompagnement à l’élève ! L’accès au stage doit être démocratiser, sans ajouter plus d’outils, mais en rendant ces derniers plus lisibles.
Notre recommandation : Renforcer la lisibilité des outils disponibles pour les jeunes, notamment à échelon local.
6. Un objectif et un langage communs sont nécessaires à la collaboration des parties prenantes
- Dans seulement 50% des cas, des interactions ont lieu entre le tuteur et l’enseignant avant le stage du jeune
- 85% des professeurs principaux et 65% des proviseurs n’ont reçu aucune formation spécifique à l’orientation
Notre recommandation finale et centrale : Valoriser les compétences transversales qu’acquiert le jeune en immersion.
Ainsi, nous aspirons à ce que les bénéfices des immersions soient être officiellement répertoriés, et traduits en compétences (par exemple : prise d’initiative, travail en équipe, présentation d’une idée) et reliés à des situations-repères appréhendables par le jeune (par exemple : j’ai émis une suggestion d’amélioration ou de changement sur une réalisation de l’entreprise, j’ai demandé à un collaborateur de me raconter son parcours).
D’une part, le jeune pourrait ainsi mieux cerner ce qu’une immersion en entreprise peut lui apporter. D’autre part, cela lui permettrait de se fixer lui-même des objectifs pour chaque immersion.
Cela permettrait également aux collaborateurs de repérer et de mettre en place plus facilement des situations d’apprentissage pour le jeune accueilli et prendre directement part à son projet d’orientation.
Pour accompagner l’usage de ce référentiel, des guides seraient créés, ciblant les 4 parties prenantes des immersions : parents, professionnels, enseignants, et bien sûr les élèves eux-mêmes.
Retrouver ci-dessous notre étude dans son intégralité !
https://www.verslehaut.org/wp-content/uploads/2024/11/MEDEF_ImmersionEntreprises_Vfinale_web-1.pdf
En conclusion :
Les immersions professionnelles suscitent un intérêt fort parmi les jeunes, les enseignants et les parents. Elles jouent un rôle crucial dans l’orientation et la découverte du monde professionnel.
Les bénéfices des immersions professionnelles sont multiples : une expérience concrète et professionnalisante pour les jeunes, une aide à l’orientation d’après les parents et les enseignants et un moyen de transmettre pour les entreprises.
Toutes les parties prenantes s’investissent pour la réussite de ces stages. Les enseignants se consacrent à l’organisation des stages, les parents jouent un rôle déterminant dans la recherche d’entreprises et les démarches de préparation du stage, tandis que les entreprises accueillent les jeunes en immersion.
Cependant, certaines difficultés subsistent : le manque de préparation des élèves, la difficulté à trouver une entreprise d’accueil et le manque de temps et de ressources des enseignants et des entreprises.
Pour maximiser les bénéfices de cette expérience, une meilleure préparation des élèves avant le stage et un suivi plus rigoureux lors de l’immersion sont nécessaires. Après le stage, favoriser les échanges et le suivi est essentiel pour garantir l’efficacité et la pérennité des apprentissages acquis.
Camille De Foucauld